Dimanche 23 Octobre 2022

Première Lecture
Psaume
Deuxième Lecture
Evangile

PHARISIEN ET PUBLICAIN

L’évangile de Luc que nous écoutons cette année est l’évangile de la prière. L’évangile commence au lieu de la prière par excellence, le Temple ; l’Ange vient auprès de Zacharie pour lui annoncer un fils ; à la fin quand Jésus ressuscité quitte, ils reviennent au Temple en priant. Jésus se retire très souvent pour prier et ses disciples prient et apprennent à prier…

« Deux hommes montèrent au Temple pour prier ». Une parabole que Jésus raconte. Ceci se passe encore dans le Temple. Le seigneur fréquentait le Temple. Lors de sa passion, il dira : « J'ai parlé ouvertement à tout le monde ; j'ai toujours enseigné dans les synagogues et dans le temple, où se rassemblent tous les Juifs ». Et dans le temple il observait, autant ceux qui troublaient le temple autant la pauvre veuve discrète qui mettait son offrande.

Mais au fond, c’est quoi, prier ? Quelle est la meilleure façon de prier ? Quelle est la plus belle prière ? Tout le monde se pose la question. Une parabole de Jésus : deux hommes si différents, deux attitudes si opposées. L’un drapé dans sa dignité, le parfait juif, qui n’a rien à se reprocher, celui qui ressemble à beaucoup d’autres. C’est un vrai ami de Dieu ; les pharisiens étaient des gens bien, fidèles transmetteurs de la Loi de Dieu, animateurs spirituels du peuple d’Israël ; Jésus et ses amis sont proches des pharisiens, et parmi les proches de Jésus, Marthe la sœur de Lazare, qui croit en la Résurrection.

Au fin fond du Temple, presque caché, et il doit se cacher, un pauvre type. Il ramasse l’argent de ses compatriotes pour les donner aux romains impurs, un collaborateur de l’occupant, un salaud. Et sans doute il en met dans sa poche, comme Zachée.

Quelle est le prière du pharisien ? Il fait deux listes : l’une est celle de tous les péchés que font les autres, que fait l’autre, là-bas. Tous sont voleurs, injustes, adultères. Oh, seigneur je te rends grâce de ne pas être comme eux, et comme celui-là ! Et il donne sa deuxième liste, les belles chose qu’il pratique : jeûne régulier, aumône du dixième de son avoir. C’est très bien, il a passé la douane de la perfection.

Quelle est la prière du publicain, percepteur, péager, comme on l’appelle ? Il ne fait pas de liste, ce serait sans doute très long ! Il connait sa misère, il se trouve devant Dieu les mains vides. Il se tient à distance. C’est peut-être par hasard qu’il s’est faufilé dans le Temple, comme tant de convertis tel Paul Claudel, un jour aux vêpres à Notre-Dame de Paris, ou Charles de Foucault, venus se confesser auprès de l’abbé Huvelin. Et tant d’autres inconnus Il peut dire : Seigneur prend pitié de moi, pécheur ! « Oui, je connais mon péché, ma faute est toujours devant moi. »  « Détourne ta face de mes fautes, enlève tous mes péchés » (Psaume 50).

Et c’est le publicain qui est exaucé, car Dieu écoute la supplication du pauvre, de celui est opprimé. Ben Sirac le sage, l’auteur de la première lecture, dresse aussi une liste : la supplication de l’orphelin, la plainte répétée de la veuve. La prière du pauvre traverse les nuées ; tant qu’elle n’a pas atteint son but, il demeure inconsolable.

Et c’est le paradoxe de cette parabole que Jésus raconte. C’est le parabole de dieu qui sonde les cœurs, qui connaît à fond le cœur de l’homme. « Quand ce dernier redescendit dans sa maison, c’est lui qui était devenu un homme juste, plutôt que l’autre. Qui s’élève sera abaissé ; qui s’abaisse sera élevé. » La Vierge Marie a dit la même chose dans l’évangile de Luc :
« Déployant la force de son bras, il disperse les superbes. Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles ».

Père BABEL sm