Dimanche 12 Mars 2023
Première Lecture
Psaume
Deuxième Lecture
Evangile
3e dimanche de Carême A – La Samaritaine ; Jn 4
« On se croise souvent, mais on ne se rencontre pas ! » Me disait un ami. Beaucoup de tranches de nos vies ressemblent à des halls de gare ou d’aéroports. Cette longue page de Saint Jean commence de la même façon : Jésus, exténué, au bord d'un puits, fuyant Jérusalem car surveillé par les pharisiens ; et une femme, d'assez mauvaise réputation, qui vient chercher de l’eau en plein midi dans la chaleur du jour. C’est pour le moins étrange, mais peut-être choisit-elle cette heure justement pour ne rencontrer personne ? En plus, deux ennemis présumés, car la rupture était totale entre juifs et samaritains, les uns accusant les autres d'hérétiques, et les autres accusant les uns de se croire les purs, les meilleurs, les vrais. En somme, une affreuse banalité sous le soleil de midi.
Mais les choses ne se passèrent pas ainsi. Il a suffi d'une petite demande: « Donne-moi à boire ! » La femme en reste d'abord aux querelles entre groupes et ethnies. Jésus dépasse vite ce plan et la fait progresser énormément. On passe de la haine raciale à la foi proclamée et même à la mission.
La vraie eau, ce n'est pas l'eau de ce puits. L'eau vive c'est bien plus ! C'est même plus que l'eau que Moïse a fait jaillir dans le désert, c'est la personne de Jésus le Christ qui se fait connaître peu à peu et qui comble tous les désirs humains. L'eau qu'il va donner étanchera toutes les soifs et fera entrer dans la vie éternelle.
Mais Jésus révèle cette femme à elle-même. Elle n'osait pas le dire, mais elle a eu cinq maris et l'actuel n'est pas le bon, Réalité d'une existence faite de ratés et d’échecs. Mais cette pauvre femme représente tout le peuple Samaritain. Ce peuple a connu cinq dominations : Le royaume d’Israël ou royaume du nord, les Assyriens, les Babyloniens, les Perses, les Grecs, et maintenant avec les Romain, c’est plutôt l’horreur. Ce sont là ses ex-maris et c'est la détresse de ce peuple.
Comme les Judéens, les Samaritains attendaient un Messie. Cette femme, bouleversée par cet étrange compagnon de route en qui elle pressent un prophète, pose une question pas anodine : « Où faut-il adorer Dieu, au temple de Jérusalem ou sur notre montagne de Samarie, le Garizim ? Jésus lui répond : « Bientôt, il n'y aura plus de lieu spécifique ; adorer Dieu cela se fera partout, là où le Christ est présent. Ce sera à travers une autre présence, différente du temple de Jérusalem, car le rideau de ce temps se déchirera au moment de la mort du crucifié. La présence du Ressuscité sera toute autre. La femme qui attendait confusément un messie sera brusquement en présence de ce messie : C'est Jésus, lui qui lui, parle. Le messie existe, elle l'a rencontré.
Alors les événements s'enchaînent. Les disciples arrivent mais ne comprennent rien, comme habitude. La femme laisse sa cruche : elle est distraite ou bien elle sent une formidable urgence ! Elle va vers les gens de Samarie pour leur dire : « Il y a quelqu'un qui m'a tout dit. Ce serait bien le Messie ? Venez voir ! » Et ils quittent leur ville et aussi leurs certitudes. Ils viennent à Jésus. Ils croient en Jésus. Et ils croient plus aux paroles de Jésus qu'aux paroles de la femme. Elle a réussi à les conduire non pas à elle-même, mais à la personne même de Jésus.
Cela veut dire pour nous :
Rien n'est banal dans la vie ; tout détail peut conduire à rencontrer Dieu ; notre vie est chargée d'éternité.
Nous avons autour de nous des Samaritains du 21e siècle ; nous avons par l’Église un trésor qui est le Christ par sa Parole et ses Sacrements. Tous ces hommes et ces femmes ont soif d'eau vive ; ils sont appelés à croire dans le Christ. Nous avons à être missionnaires comme cette femme, à les conduire à Jésus sans les arrêter à nous.
Et nous savons aussi que parmi tous ces gens, il y aura des missionnaires, peut-être aussi faibles et aussi improbables qu'elle, mais qui mèneront des foules au Seigneur.
Il nous faudra semer et moissonner, tantôt semer et tantôt moissonner. Mais attention ! C'est très urgent. Amen.
Père BABEL sm
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