Fils d’un marchand de tissus, cadet
de 15 enfants, Chaminade est né en 1761 à Périgueux,
et fut ordonné prêtre en 1785. Une douzaine d’années
plus tard, au plus fort de la Révolution française, il refusa
de prêter le serment de fidélité à la constitution
civile, imposé alors au clergé. En cachette, à l’ombre
de la guillotine, il continuait son ministère pendant ce “ règne
de la Terreur ” et finit par s’exiler en Espagne pour une durée
de trois ans.
“ Chaminade ne quitta pas Bordeaux au
cours de la période de terreur. Si les autorités avaient réussi
à le débusquer, il aurait été déporté
ou guillotiné ”, voilà ce qu’écrivait le
Père Vincent Vasey, S.M., ancien professeur de droit à l’Université
de Dayton, en 1984, à l’occasion du 134me anniversaire de la
mort de Chaminade. Et de poursuivre : “En ses vieux jours Chaminade
nota que par moments rien qu’une planche le maintenait à l’abri
de la guillotine. Chaque fois qu’il passait Place de la Nation, il pouvait
voir l’emplacement où le sang versé par des prêtres
et d’autres dégouttait du couperet de la guillotine. Et lorsqu’il
passait près de la forteresse de Ha, il était bien conscient
que des prêtres s’y trouvaient emprisonnés. ”
Comment Chaminade parvint-il à survivre ? “ Sa servante Marie
Dubourg le cacha sous un cuveau de lessive alors que la police le cherchait.
Avec audace elle se servit du cuveau pour servir des boissons aux gendarmes”,
comme l’écrit Vasey. “D’autres fois, Chaminade se
retirait dans des cachettes souterraines, une fois par exemple dans une cave
servant de réserve de fruits. Une fois, il n’eut pas le temps
de se cacher et dut alors chercher refuge dans un bosquet de pins. Il lui
arrivait de parcourir les rues habillé en rétameur pour porter
les sacrements aux fidèles. ”
Ayant reçu l’ordre
de quitter la France en 1797, Chaminade transforma le temps d’exil en
période de renouveau spirituel. Alors qu’il priait au sanctuaire
marial de Notre-Dame du Pilier à Saragosse en Espagne, Chaminade eut
comme la “ vision ” d’une congrégation religieuse
nouvelle, qui puiserait son inspiration auprès de Marie, la mère
de Jésus. Le Père Chaminade se mit à former des communautés
chrétiennes d’hommes et de femmes, orientées vers le service
d’autrui (des congrégations) comme moyen de rechristianiser la
France. Certains membres des congrégations ont fini par former le noyau
de deux instituts religieux : pour femmes, les Filles de Marie Immaculée
(fondées par Adèle de Batz de Trenquelléon en collaboration
avec Chaminade en 1816) et pour hommes, la Société de Marie
(fondée en 1817). La Société de Marie s’implanta
aux Etats-Unis en 1849 à Dayton, dans l’Ohio. Les sœurs
marianistes se sont établies au Texas près de San Antonio à
Somerset.
“ Il était le missionnaire de
Marie ”, disait le Frère Donald Boccardi, S.M., directeur de
l’Office de renouveau spirituel de la province marianiste de Cincinatti
et membre d’un comité international qui prépare la béatification.
“ Il a fondé des congrégations religieuses, des communautés
de prêtres, de frères, de sœurs et de laïcs, hommes
et femmes, dont l’objectif serait de reconstruire l’Eglise catholique
en France et d’éduquer la jeunesse. Dans cet esprit marianiste
de collaboration il rassemblait des hommes et des femmes, des professeurs,
des hommes d’affaires, des séminaristes, des prêtres et
des représentants de toutes les classes. ”
A ce jour, les Marianistes travaillent dans
34 pays dans l’enseignement secondaire et primaire, dans des universités
et écoles techniques, dans des paroisses, des centres de renouveau,
dans les missions et dans des œuvres de justice sociale. Aux Etats-Unis,
ils ont fondé trois universités, l’Université de
Dayton, (Dayton, Ohio), la St. Mary’s University (San Antonio, Texas)
et l’Université Chaminade (Honolulu, Iles Hawaï)
Chaminade décéda le 22 janvier
1850. Un monument majestueux, surmonté par une statue de la Vierge
Immaculée, indique la tombe de Chaminade à Bordeaux.